« Je parle donc je suis ». Voilà une autre maxime qui pourrait être propre au genre humain. En effet, n’est-ce pas ce qui nous fédère, hommes et femmes de tous âges et de tous lieux : notre désir de communiquer ? Depuis des temps immémoriaux, nous avons établi des langues : une manière articulée d’échanger à l’aide de signes verbaux puis écrits. Instrument de communication et de représentation du monde, nos langues se sont diversifiées, garantes de milliers de cultures qui ont traversé les siècles.
Le psychanalyste Jacques Lacan disait : « le langage structure toute relation interhumaine ». Ainsi, pour bâtir nos échanges, nous avons construit ces langues, accompagnées de codes et de règles d’usage que chacun connaît implicitement : le langage. Notre registre, nos gestes, notre intention, tout parle en nous. L’effet des langues, l’intention de transmission, pourtant, n’est pas propre aux Hommes. D’autres espèces que nous ont aussi leur propre langage : une fonction d’expression, un système de communication. Et bien avant nous, ils étaient nombreux. Au commencement, les bactéries, prémices de notre monde, échangeaient déjà entre elles. Au fil des millénaires, bêtes du ciel et de la terre ont reproduit signes gestuels, tactiles, olfactifs pour s’adresser les uns aux autres. Puis, nous avons pris la relève, parlant, signant, gesticulant afin de nous faire comprendre. Et tout autour de nous a nécessité la mise en place de son propre langage : sciences, commerce, art… Bébés, ordinateurs, dauphins, et mêmes les extraterrestres : chacun son patois, chacun son dialecte, chacun son jargon. Parmi cet océan de bafouillage et de charabia, l’équipe de L’Octopus vous propose un petit voyage dans l’univers des langues et du langage. Alors welcome, bienvenido, zapraszamy, hookipa ana, bienvenue !
Héloïse Rakovsky
Mesure de l’activité cérébrale d’un bébé de 6 mois par le biais d’un électro-encéphalogramme. Au contact de sa mère pendant toute la durée de l’expérience et placé dans une pièce faiblement éclairée, l’enfant est soumis à l’écoute de différents « jeux » de phrases prononcés avec différentes intonations. La perception de ces intonations et de la musicalité du langage, sont analysées via des capteurs mesurant l’activité électrique et hémodynamique cérébrale de l’enfant. Lors de la mise en place du petit bonnet la chercheuse se place en face de l’enfant et lui présente des jouets afin de détourner son attention. Entre 6 mois et un an, le système auditif et le cerveau des bébés commencent à se spécialiser en fonction des caractéristiques sonores de la (ou des) langue(s) qu’ils entendent. De même, les chercheurs supposent qu’en fonction de la relation, plus ou moins sécurisante, établie avec la mère à un moment T, le bébé percevra différemment les émotions exprimées par la prosodie/musicalité/intonation de la parole. Le babylab du Laboratoire Psychologie de la Perception se penche notamment sur l’étude du bilinguisme chez les enfants, l’apprentissage des sons, du vocabulaire et de la grammaire de la (des) langue(s) maternelle(s) et plus généralement sur le développement du langage chez les enfants. UMR8242 Laboratoire psychologie de la perception. Crédit : © Nicolas BAKER / INCC / CNRS Photothèque.