Interdite par de nombreuses législations nationales et absente
de tout texte religieux, l’excision est pourtant pratiquée dans de nombreux pays, malgré les risques dont cette pratique est responsable.
Chaque minute, six filles sont excisées dans le monde. Cette statistique glaçante reflète une réalité dont près de 200 millions de femmes ont été victimes autour du globe. L’excision est un type de mutilation sexuelle féminine, une pratique rituelle qui consiste à couper la partie apparente du clitoris et parfois les petites lèvres, pour des raisons non médicales. En Afrique (Mali, Mauritanie, Egypte, Soudan), au Moyen-Orient (Indonésie, Malaisie) ou en Amérique latine (Colombie, Pérou), ce sont chaque année près de 3 millions de filles et d’adolescentes qui paient le prix de cette tradition sanglante, qui permettrait à la petite fille de devenir une vraie femme.
Les conséquences d’une telle intervention sont connues : saignements importants, risques élevés d’infections, difficultés à uriner ou encore complications lors de l’accouchement. Et pourtant, d’après l’Institut national d’études démographiques (INED), on compte en France 53 000 filles et femmes excisées. Trois filles sur dix dont les parents viennent de pays qui pratiquent l’excision risquent d’être mutilées elles-aussi, notamment lors d’un séjour familial à l’étranger. Les raisons invoquées sont nombreuses : interdire l’orgasme féminin, considéré comme malsain, purifier la femme, la préparer au mariage. Pour les familles qui la pratiquent, l’excision est une vieille tradition que l’on suit de peur d’être déshonoré.
Prévenir et guérir
Les associations de sensibilisation à la question de l’excision se multiplient depuis les années 1980, à l’étranger comme en France. Une « Maison des Femmes » a ouvert en 2016 à Saint- Denis : la gynécologue-obstétricienne Ghada Hatem a conçu ce lieu comme un havre d’accueil pour les femmes excisées, victimes de viol ou d’une quelconque violence. En République démocratique du Congo, le nom du docteur Mukwege est connu : « l’homme qui répare les femmes » n’a de cesse de se mobiliser contre les vagues de viol et la tradition de l’excision, actes criminels contre lesquels il se bat inlassablement. Et de résumer ainsi : « En s’attaquant à l’appareil génital, on détruit la matrice, la porte d’entrée à la vie ».
Marie Martirossian