Nos lapsus, nos actes manqués, nos rêves, sont tout autant de signes que la limite entre notre conscient et notre inconscient est floue.
N’êtes-vous jamais rentrés chez vous sans vous en rendre compte, poussés par un automatisme quotidien qui vous dépasse ? Ne vous êtes-vous jamais réveillés en ayant trouvé la solution à un problème qui vous taraudait depuis des jours ? Ces situations sont probablement dues à votre inconscient, cette notion mystérieuse développée en particulier par Sigmund Freud.
Les topiques freudiennes
L’appareil psychique est une peinture de l’esprit. Selon Sigmund Freud, la psyché peut être divisée en instances. Dans une première conception établie en 1900, la première topique (du grec ancien topos signifiant lieu), l’appareil psychique serait composé de trois instances : le conscient, le préconscient et l’inconscient. Le conscient est ce que je pense, ce que je perçois sur le moment. Le pré-conscient est ce qui n’est pas actuellement disponible à ma conscience, mais qui peut être accessible. Et l’inconscient est le lieu des pulsions et des refoulements. Dans une seconde conception, la deuxième topique élaborée en 1923, il expose trois autres instances psychiques : le ça, le moi et le surmoi. Une grande partie de ce qui était accordé à l’inconscient devient le ça, le lieu de nos pulsions refoulées, où des désirs immoraux sont créés. Le surmoi serait ce qui représente l’intériorisation des interdits, ce qui va filtrer les désirs non acceptables. Le moi va essayer d’harmoniser les exigences contradictoires du ça, du surmoi et de la réalité. La notion de frontière, entre nos territoires psychiques, peut apparaître sous la forme de la censure, ne laissant passer nos désirs qu’une fois masqués, sinon elle les refoule. Il se joue dans notre esprit un éternel combat entre le moi conscient, qui tend absolument à s’adapter à la réalité, et le ça inconscient, qui tend à assouvir ses pulsions sans considérer la réalité.
Quand notre inconscient se joue de nous
Une fois ces différents éléments définis, nous pouvons nous pencher sur les conséquences de notre inconscient sur notre vie quotidienne, comment ce dernier régirait une partie de nos actions et de nos ratés. Le refoulement, c’est lorsque nous repoussons dans notre inconscient des représentations ou des pulsions qu’il estime indésirables. Ces pulsions refoulées vont se dissimuler dans le but de traverser la censure. D’où nos actes manqués (ne pas se réveiller le jour d’un examen par exemple), nos lapsus (se tromper de prénom), nos rêves (refaire toujours le même cauchemar), voire même des symptômes de maladies (angoisse).
Dans notre sommeil profond, notre théâtre nocturne peut nous jouer une autre réalité : le rêve est un instrument qui élabore des solutions. Durant la nuit, la censure s’adoucit, remaniant les enjeux, et faisant tomber les frontières de l’esprit. Lorsque nous effectuons une tâche qui exige toute notre attention, nous avons des difficultés à prendre en considération un évènement inattendu. Nous sommes constamment mitraillés de stimulations. Nous nous rapportons à nous-même le résultat de la perception : je vois tel élément, j’entends tel bruit, je sens telle matière.
Mais très peu d’informations arrivent à rejoindre au même moment notre conscient, alors que nous avons l’impression de tout voir. Lorsque nous conduisons pour rentrer chez nous, nous nous mettons en mode pilote automatique, nous avons une absence de conscience. Ce n’est qu’une fois dans notre rue, que nous nous disons : « tiens, je suis arrivé » ; alors que cela faisait plusieurs minutes que nous conduisions sans même y penser.
De nombreuses méthodes tendent à retrouver la conscience de soi pour survivre au quotidien, permettant à chacun de se libérer des schémas inconscients qui nous imposent notre manière de vivre, et ainsi révéler notre caractère naturel. Hypnose eriksonienne ou méditation de pleine conscience, vous avez le choix si vous voulez toucher du doigt des espaces inconnus de votre esprit, et faire communiquer les versants situés de part et d’autre de la frontière de votre (in)conscient.