Les téléphones intelligents rendent-ils moins intelligent?

Alors qu’aux États-Unis, 46% des Américains déclarent ne pas pouvoir se passer de leurs smartphones, en France, le gouvernement veut interdire l’utilisation de l’appareil dans les collèges et les lycées.  Pourtant, d’après certains chercheurs, cet outil pourrait, en étant bien utilisé, devenir un allié de l’éducation.

“Est-ce qu’on va interdire les téléphones portables dans les écoles et les collèges ?” La réponse est oui, a déclaré au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, en décembre dernier. À l’heure où 8 adolescents français sur 10 possèdent un smartphone, une vague de professeurs se sent désarmée face à ce “fléau”.

A.B. Grinols et R. Rajesh, deux chercheurs américains, publiaient un article en 2014 dans lequel ils soulignaient que les étudiants sont, pendant les heures de cours, constamment sollicités par leurs téléphones (via des SMS, des tweets, etc). Ces notifications les amènent à simultanément suivre le cours et ce qu’il se passe sur leur écran. De la même manière que le multitâche (le fait d’effectuer, inconsciemment ou non, plusieurs tâches en même temps) réduit l’attention au volant, il la diminuerait dans toutes les autres activités nécessitant de la concentration.

Pire, d’après une étude parue dans le journal de l’Université de Chicago en 2017, la simple présence de l’appareil, même en silencieux, suffirait à réduire les capacités d’analyse et de réflexion de son possesseur. Les volontaires de l’étude devaient, en effet, lutter en permanence contre l’envie de vérifier qu’ils n’avaient pas reçu de nouvelles notifications.

Établir un équilibre

Pourtant, A. B. Grinols et R. Rajesh ont testé une autre approche que celle du ministre de l’Éducation : celle d’autoriser les téléphones en classe. Le verdict est mitigé. Les participants au test ont déclaré a posteriori avoir été davantage distraits que ce à quoi ils s’attendaient. Selon les deux scientifiques, pour éviter une baisse des performances des élèves, plutôt que de complètement bannir les smartphones, les professeurs pourraient se servir de ces appareils comme un outil éducatif. Le but deviendrait alors d’établir un équilibre entre les activités nécessitant de la concentration et celles où l’utilisation du téléphone serait bénéfique.

 

Mathieu Gallais