Autrefois boisson « exotique », le café est actuellement associé au plaisir et à la sociabilité dans tous nos espaces publics. Dans le passé, il a modelé des lieux pour son culte et sa consommation, les cafés. Ces derniers ont autant servi à l’inspiration des écrivains qu’à celle des artistes, ils ont aussi été le catalyseur du mouvement des Lumières. Ils deviennent au XVIIIe siècle, les espaces en vogue pour les plus passionnantes discussions politiques, entraînant la naissance d’une philosophie de la rationalité face à la tyrannie de l’Ancien Régime. D’ailleurs, l’enthousiasme pour les cafés et sa boisson vedette n’a pas cessé depuis. L’expérience café passe maintenant de la réconfortante dégustation quotidienne à la découverte personnelle de goûts et d’arômes inédits, elle se complète par des moments précieux de création, de partage, d’apprentissage et de convivialité proposés par les florissants cafés thématiques.

L’avenante histoire du café est également mêlée par les enjeux de la colonisation européenne au détriment des producteurs. Une exploitation qui s’est perpétuée pendant plusieurs siècles de mercantilisme et qui continue à laisser ses traces jusqu’à aujourd’hui, l’ère de la mondialisation, avec des politiques de prix très inégalitaires envers les producteurs. Est-ce que ce sont les consommateurs qui ont conduit à ces enjeux ? Sont-ils vraiment à l’origine de ces déséquilibres ? Il est difficile d’y croire car, en réponse à ces inquiétudes, certains acteurs se sont engagés sur des initiatives qui garantissent les pratiques d’un commerce équitable et d’une agriculture durable. Les soucis s’expriment même en termes de santé dont la recherche des vertus et des défauts du café est l’un des sujets alimentaires les plus scientifiquement étudiés. Les récentes préoccupations sur les effets et la dépendance de la caféine, liées à l’emballement pour les boissons énergisantes, sont une énième preuve d’un engouement général sur le café et ses composés.
Daniel Rosales