Du café, il y en a maintenant partout dans le monde, et même plus loin. Les astronautes de la Station Spatiale Internationale (ISS), en orbite à 400 kilomètres au-dessus de nos têtes, ont eux aussi la chance de boire du café. Toutefois, on se doute que se nourrir et boire dans l’espace ne se font pas de la même manière que sur Terre. La plupart des aliments sont en effet déshydratés avant d’être envoyés sur la station, et sont réhydratés à l’aide d’une machine, pour être consommés par les astronautes. Le seul café auquel ils ont accès est donc le café soluble, à boire à la paille. Mais en 2015, une machine à expresso conçue par Argotec et Lavazza, l’ISSpresso, spécialement étudiée pour fonctionner en microgravité, a rejoint la station, permettant aux astronautes d’apprécier un délicieux café. Ainsi, le premier expresso de l’espace a été bu le 3 mai 2015 par Samantha Cristoforetti, astronaute italienne de l’Agence Spatiale Européenne. Depuis, la machine est toujours en service. L’astronaute français Thomas Pesquet s’en est donc probablement servi au cours de sa mission de 6 mois à bord de la station l’année dernière !

L’ISSpresso, de la taille d’un micro-onde, et pesant 20 kg, est dotée de tuyaux en acier pouvant résister à des pressions de l’ordre de 400 fois celle de la surface terrestre. Tout ceci pour une utilisation très simple : transporter de l’eau jusqu’à une capsule de café. La boisson obtenue coule dans une poche en plastique puis, à l’aide d’une paille, est versée dans une Space Cup, conçue par Mark Weislogel et son équipe de la NASA en 2015. Pourquoi une tasse de l’espace ? Parce que si vous essayez de verser du liquide dans une tasse classique avec une gravité proche de zéro, le liquide va prendre la forme d’une sorte de boule qui peut se déplacer dans toutes les directions à la moindre secousse et quitter son récipient. Mark Weislogel a donc optimisé la forme de la Space Cup pour que celle-ci garde son contenu grâce à un phénomène physique particulier : la capillarité. Les molécules du café sont plus attirées par le plastique du récipient que par l’atmosphère de la station. Par conséquent le breuvage maximise sa surface de contact avec la tasse. Sans la gravité pour compenser ce phénomène, le café se concentre uniquement sur un des côtés du réceptacle, et atteint le sommet de celui-ci qu’en un seul point : celui ou l’astronaute va poser ses lèvres pour boire le café le plus haut perché du monde.
Alice Thomas & Mathieu Gallais