Une chatouille sous les pieds et vous voilà tordu de rire par une sensation étrange entre la panique et l’amusement. Vocalise traduisant vos émotions, le rire chatouilleux s’inscrit également dans un jeu de soumission et de dominance.
Guili-guili ! Sous les bras, sur le ventre, sous les pieds, dans le creux du cou ; peu de personnes restent de marbre face à une attaque de chatouilles. Entre torture et caresses, ces légères pressions inattendues et répétées, infligées par une personne de confiance peuvent parfois mener à des éclats de rires convulsifs, alors même que nous supplions notre agresseur de cesser. Pourquoi cette étrange réaction ?
Sous l’épiderme, des cellules réceptrices appelées « corpuscules de Meissner » détectent les fines pressions exercées par les mains assaillantes sur la peau du chatouillé. Elles font ensuite remonter l’information jusqu’à son cerveau sous la forme d’un signal nerveux qui va activer le cortex somatosensoriel. Cependant, cette aire cérébrale responsable du traitement des informations sensorielles n’est pas la seule activée.
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Rire Jaune
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Lire la suiteDes chercheurs suisses ont placé des sujets dans une IRM, puis les ont chatouillés en les priant de ne pas contenir leur rire, révélant en particulier l’activation de l’hypothalamus, une petite glande située au cœur du cerveau. Des études ont notamment démontré son rôle dans la gestion de la peur et de la panique. Mais cette structure est également impliquée dans le traitement de l’humour et fait partie du circuit à l’origine des vocalisations émotionnelles telles que le rire.
Cependant une question subsiste : pour quelle drôle de raison l’être humain a-t-il évolué de sorte qu’il éclate de rire à la moindre chatouille ? Remarquez tout d’abord la nature des régions chatouilleuses : il s’agit des parties vulnérables de notre corps. Ainsi, une théorie suggère qu’il s’agirait d’un mécanisme de défense hérité des jeux de dominance et de soumission observés chez les animaux. Ainsi, le rire signale votre soumission à l’agresseur à qui vous offrez en pâture vos aires les plus vulnérables. Celui-ci se fera ainsi un malin plaisir à vous tourmenter mais, bien souvent, avec tendresse.
Lucie Terral
Sources :
Selden, S. (2004). Tickle. J. Am. Acad. Dermat., 50(1), 93-97. https://doi.org/10.1016/S0190-9622(03)02737-3
Wattendorf, E., Westermann, B., Fiedler, K., Kaza, E., Lotze, M. & Celio, M. R. (2012). Exploration of the Neural Correlates of Ticklish Laughter by Functional Magnetic Resonance Imaging. Cerebral Cortex, 23(6), 1280‑1289. https://doi.org/10.1093/cercor/bhs094
